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  • Photo du rédacteurVacances à Moriani

La Castagniccia

La Castagniccia est une région située sur la façade orientale de la Corse. Accrochée aux reliefs verdoyants du Mont San Petrone, elle est notamment constituée de tout ou partie des vallées du Fium'Alto, de la Casaluna et de l'Alesani, et compte six pièves : Alesani, Ampugnani, Casacconi, Orezza, Rostino et Vallerustie. Ces pièves ont joué un rôle fondamental dans l'histoire de la Corse au XVIIIe siècle.

Cette micro-région est délimitée au nord et à l'ouest par le Golo, le plus long fleuve de Corse et séparée de la mer Tyrrhénienne par les « pievi di marina » , qui assurent une véritable continuité paysagère jusqu'à la plaine : Casinca, Tavagna, Moriani et Campoloro.


Cette région montagneuse est située à une altitude moyenne de 1000 mètres, dans le prolongement de la chaîne schisteuse du Cap Corse.

Ce massif a été édifié au tertiaire lors de la surrection des Alpes sur un socle hercynien, de la fin de l'ère primaire. Ce rude pays couvert de forêts de châtaigniers rappelle les Cévennes par son paysage vallonné, sauvage, escarpé, entrecoupé de gorges, mais apprivoisé par les terrasses et les murets de pierres sèches... Le maquis de ses montagnes, ses plages bordant la mer Tyrrhénienne et ses plaines où poussent en abondance oliviers, clémentiniers et vignes sont, eux, typiquement corses. D'autres splendides points de vue sont offerts depuis les collines avoisinantes parcourues par les torrents et les fleuves où vont les vaches et les cochons sauvages...

1766m d'altitude, le plus haut sommet de Castagniccia
Monte San Petrone

Le Monte San Pétrone domine la Castagniccia du haut de ses 1766 mètres d'altitude et offre un panorama exceptionnel aux aventuriers courageux qui atteignent son sommet. Position centrale en Castagniccia, il surplombe les pièves d'Orezza, Ampugnani, Rostino et Vallerustie.

Une table d'orientation y est installée : Il délimite la partie orientale du massif qui fait partie du parc naturel régional de Corse. Son versant occidental domine la vallée de la Casaluna et par temps clair, on peut y apercevoir l'étang de Biguglia. Au sud, les Caldane sont séparées du Monte San Petrone par le col d'Orezza (1 296 m). Il constitue la ligne de partage des eaux des fleuves Golo (à l'ouest) et Tavignano (au sud), les plus longs de l'île. A l'est, ce massif est délimité par la Plaine orientale et la mer Tyrrhénienne.


Dotée d'une terre fertile et riche en cours d'eau, la Castagniccia est une région très verte et très boisée, qui contraste avec les régions plus pauvres et plus arides de Corse.


La région tire son nom du châtaignier, castagnu en corse, arbre omniprésent dans la région. Très boisée et très riche en eau, la Castagniccia, bien que montagneuse et difficile d'accès, a connu la densité de population rurale la plus forte de Corse au XIXe siècle. Ses richesses et ses atouts ont attiré de nombreuses familles. Son économie était basée sur la culture de la châtaigne, qui sauva de nombreux Corses de la famine dans une île très pauvre.


Sa présence sur l’île ne date pas d’hier, puisqu'elle remonte à l’époque de la dernière glaciation du quaternaire. La culture du châtaignier remonte à l'empire Romain et se développe au Moyen-Âge notamment pour l’utilisation du bois. Des siècles plus tard, les Génois feront de son exploitation une priorité pour faire de la châtaigne un produit d'exportation.

Le châtaignier, surnommé « l'arbre à pain », présent en Corse dès le Néolithique, a été fortement développé par les Génois à partir du XIVe siècle. Il feront de son exploitation une priorité.

Une ordonnance de 1584 fait obligation aux Corses, lors d’un programme de valorisation agricole, d’effectuer des plantations d’arbres de cinq espèces : mûriers, oliviers, figuiers, vignes et châtaigniers.

Le nom de Castagniccia s'impose dès le XVIIe siècle. La « région plantée de châtaigniers » se caractérise par ses hautes collines aux versants recouverts d'interminables châtaigneraies, tandis que sur les crêtes, resserrés sur eux-mêmes, de petits villages semblent les surveiller. Elle correspond à une partie de l'ancien pays Cortinco.

En 1770, la châtaigne représentait près de 70 % des cultures, entraînant une certaine prospérité et une forte concentration de population...

La Castagniccia fut l'un des principaux foyers de révolte au moment de la guerre d'indépendance. C'était alors une région riche avec la plus forte densité de population en Corse. Pendant les périodes de prospérité, de nombreuses églises baroques ont été construites : Les nombreux monastères étaient des lieux de rencontre pour les combattants de la liberté et un centre de résistance.

Berceaux de personnages célèbres dont Pasquale Paoli 1 (né à Morosaglia), la Castagniccia revendique une identité particulièrement forte.

D’après le recensement de 1786, la Castagniccia concentrait une forte proportion de la production artisanale corse. 49 % des artisans corses recensés sont alors regroupés dans 14 villages de la Castagniccia, ce qui permet d'expliquer la prospérité de cette région montagneuse.

L’ «arbre à pain», qui occupe depuis longtemps une place très importante dans la vie des Corses devient alors l'aliment de base de la population et les exportations se font en masse. Les châtaignes fraîches se mangent peu. Habituellement elles sont séchées pour les conserver, puis on les moud.

La farine ainsi obtenue se substitue à la farine de céréales et permet d’assurer la base alimentaire de la population rurale Mariée aux laitages, elle permet de préparer divers aliments, aussi savoureux que nourrissants : La polenta est le mets classique par excellence, en Corse.


Pour le séchage et la conservation des châtaignes, les locaux affectés à cet usage peuvent occuper tout un bâtiment. Dans une pièce de 4 à 5 mètres de long, sur 2 mètres à 5 mètres de large, on dispose sur des claies, à 3 mètres du sol, les châtaignes sur une grande épaisseur. Dessous et au milieu de la pièce, un focano (petit feu de bois sec) est entretenu jusqu’à ce que les deux enveloppes de la châtaigne se détachent facilement sous la seule pression des doigts. Cette opération dure parfois plusieurs semaines, pendant lesquelles les fruits seront remués pour obtenir un séchage régulier. Comme on peut facilement conserver les châtaignes d’une récolte à l’autre, pour avoir toujours de la farine fraîche, on ne moud généralement que la quantité nécessaire pour quelques semaines.

Les moulins à châtaignes corses sont très simples : Une roue dentée en bois horizontale, est mise en mouvement par une chute d’eau amenée par une canalisation de bois. Un pivot vertical en cœur de châtaignier, haut de 2 mètres, lui sert d’axe, puis traverse une voûte et un cylindre en maçonnerie sur lequel repose la meule fixe ; il s’enfonce enfin dans la meule mobile à laquelle il communique le mouvement. L'ensemble

Pour la mouture, les châtaignes doivent être décortiquées, c’est-à-dire privées de la peau qui les entoure. Les fruits secs sont introduits dans des sacs de toile, longs et étroits, qu’on remplit aux deux tiers seulement. Ces sacs sont frappés vigoureusement contre un billot ; le choc détache les deux enveloppes de l’amande, sans toutefois briser celle-ci. Ensuite, on verse le tout dans une corbeille arrondie et par des mouvements circulaires, les fruits décortiqués se séparent des déchets.

Les châtaignes sont ensuite passées au four. Elles deviennent alors très dures, et subissent même une très légère torréfaction superficielle.

Puis c'est la mouture. La farine obtenue, est mise en sacs, puis conservée pour l’usage, dans des caisses en bois de châtaignier, placées le plus souvent dans le séchoir.

La farine de châtaigne fraîchement moulue est fine, blanche, piquetée de points rouge-brun (débris d’enveloppes que la moulure n’a pu séparer). Son odeur particulière et sa saveur sucrée sont agréables.



La farine de châtaigne joua un rôle central dans une économie autarcique caractérisée par le troc, qui eut cours pendant de longs siècles.

Ainsi, on échangeait :

- 3 kilos de farine de châtaigne pour 1 litre d’huile,

- 3 kilos de farine pour 1 kilo de farine de blé,

- 4 kilos de farine de châtaigne pour 1 kilo de cochon.



Au XIXe siècle, l'île affichait près du double de la superficie actuelle en châtaigneraies.


Jusqu’au début du XXème siècle, le châtaigner conservera son importance aussi bien en termes d’alimentation, de construction, de fabrication de mobilier ou d’objets.


A partir des années 1930, la région se dépeuple rapidement. Au début du XXIe siècle l'effondrement démographique, a entraîné la constitution d'un quasi-désert humain. Aujourd'hui, cette micro région est celle qui compte le plus de villages, et où seules quelques personnes principalement âgées, vivent encore dans les villages pittoresques dont les maisons sont rongées par les ravages du temps.



La Castagniccia est une région enclavée, accessible par des routes très sinueuses qui empruntent souvent des cols de montagnes, au départ de Folelli (Penta-di-Casinca), Cervione, Ponte-Leccia (Morosaglia) ou Barchetta (Volpajola).


A suivre : Les pièves de Castagniccia



Notes :

1 «Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain »



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