Les traditions et coutumes séculaires ressurgissent chaque année, et celles de l'île de beauté ne font pas exception, incarnant convivialité et hospitalité. Ceux qui auront l'opportunité de se trouver en Corse du début de décembre jusqu'à la veille de Noël vivront des instants de partage et de communion dans une atmosphère féerique. Célébrer Noël en Corse, c'est s'immerger dans des traditions et coutumes transmises de génération en génération depuis des siècles.
Célébrer Noël en Corse, c'est s'immerger dans des traditions uniques : un moment de communion et de partage dans une atmosphère festive. Il est facile de s'émouvoir lors des magnifiques messes de minuit dans les villes et villages, bercés par les chants traditionnels corses. L'île entière se transforme avec des foires, des marchés et diverses célébrations, offrant l'opportunité de garnir sa hotte de spécialités culinaires, de produits locaux, d'artisanat, de sapins décoratifs en bois flotté, de biscuits et nougats corses, de miels et confitures, et plus encore. Ces festivités sont enrichies par de nombreux concerts, des animations pour toute la famille telles que des promenades à dos d'âne ou du patinage sur glace, des marchés de santons, des spectacles gratuits et des soirées gourmandes. Le clou du spectacle reste les messes de minuit, ponctuées par des chants corses traditionnels, où vous attendent crèches, sapins scintillants, vin chaud, châtaignes grillées et le bûcher de Noël.
Le Père Noël est-il corse ?
En tout cas, le chant le plus célèbre sur le gros bonhomme rouge que l’on chante en famille au coin du feu est bien originaire de l’île de Beauté !
C'est avec son « Petit Papa Noël », qu’il chante pour la 1ère fois en 1946, que Tino Rossi remporte un succès phénoménal. Né à Ajaccio en 1907, le chanteur et acteur français mondialement connu, a vendu plus de 500 millions de disques dans le monde entier dont plus de 600 000 exemplaires pour ce seul titre. Une douce mélodie qu’il est fréquent d’entendre sur les ondes en cette fin d’année.
Et pourtant, le père Noël n’est arrivé qu’assez tardivement sur l’île de beauté. Avant les années 50, on disait que c’était l’enfant Jésus qui était le donateur des bonbons et des oranges reçus pendant les fêtes. Jésus était un peu la star des festivités.. D'ailleurs, c'était le seul personnage de la crèche !
Ô Rocchiu : Le bûcher de Noël

Le Rocchiu est le terme corse pour le bûcher de Noël, traditionnellement allumé devant l'église du village. Les enfants du village étaient chargés de préparer le bûcher, se levant tôt le matin du 24 décembre pour collecter et empiler le bois provenant des champs et jardins alentours. Ils parcouraient les fermes et les maisons, appelant "ô rocchiu, ô rocchiu !" à la contribution de tous, qui offraient volontiers un morceau de clôture, un vieux bout de poulailler, ou des branches de leurs vergers et châtaigniers.
C'était à la fin de la messe de minuit que l'on allumait le bûcher. Ensuite, lorsque les flammes s'affaiblissaient, chacun rentrait chez soi.
Dans la cheminée de chaque foyer, on plaçait autant de bûches qu'il y avait d'invités pour garantir la santé de chacun. On savourait alors le chevreau avec des tranches de pulenta, les canistrelli (biscuits secs croustillants) et les frappes (beignets sucrés) constituaient le dessert. Le 25 décembre, une fois le feu complètement éteint, les cendres encore tièdes étaient recueillies par les habitants, qui les mélangeaient aux cendres de leur propre foyer pour réchauffer leur demeure. Ces cendres devaient non seulement réchauffer, mais également protéger contre la foudre et le diable.

En rapport avec les bûches, une ancienne légende raconte qu'il était essentiel de compter les membres de la famille présents au dîner de Noël et de placer un nombre équivalent de bûches dans la cheminée. À défaut, les festivités de l'année suivante seraient assombries par autant de deuils que de bûches manquantes... Une tradition scrupuleusement observée par des Corses très superstitieux. Juste avant le repas, le chef de famille demandait à ses enfants de s'agenouiller autour de la cheminée, une feuille de laurier à la main. Tenant lui-même un verre de vin, il prononçait des prières puis ordonnait à ses enfants de jeter leurs feuilles de laurier dans le feu, du plus jeune au plus âgé. La mère suivait leur exemple et, après elle, le père lançait également sa feuille et son vin dans les flammes.
La coutume corse des 7 veillées
Jusqu'au début du siècle dernier, notamment en Haute-Corse, les jeunes du village se regroupaient et allaient visiter sept familles du village, selon la tradition des sept veillées. À chaque visite, ils apportaient une bûche pour réchauffer le foyer et nourrir un grand feu le soir de Noël, pour converser avec les familles et déguster les pâtisseries faites par la mère ou la grand-mère.

La pratique religieuse de l’Ochju

En Corse, l'Ochju désigne le mauvais œil, une croyance profondément enracinée dans la culture insulaire. Elle fait référence aux forces occultes qui peuvent affecter une personne. Il est possible pour chacun d'apprendre à conjurer l'Ochju, et c'est durant la nuit de Noël que se déroule l'initiation aux incantations. Il est crucial de transmettre ces formules uniquement le 24 décembre, car en dehors de cette date, elles perdent leur efficacité. Pour éloigner le mauvais œil, la Signadora verse de l'huile dans une assiette d'eau et y plonge son doigt. Si l'huile se disperse dans l'eau, cela signifie que le patient est touché par l'Ochju. En revanche, si les gouttes d'huile restent intactes, la personne n'est pas affectée par le mauvais œil.
Il ne faut pas oublier que Noël est avant tout une célébration familiale et un festin : les spécialités de l'hiver y sont particulièrement savoureuses, avec des grillades préparées au feu de bois devant vous, un plateau de charcuterie, fromages et confitures, des châtaignes grillées, une soupe corse... La Corse préserve et perpétue ses traditions au fil du temps.
Le repas traditionnel de Noël en Corse
Il y a deux repas de Noël en Corse :

Le repas léger : L'en-cas pris au retour de la messe de minuit est généralement préparé par les grand-mères. Elles grillaient traditionnellement des figatelli directement sur la flamme, accompagnés de beignets de courgettes (fritelles). On trouvait aussi une soupe de pois chiches, des noisettes, des châtaignes grillées et un fiadone. Cependant, le plus souvent, on se contentait de quelques biscuits, canistrelli ou mustosi, et de fruits frais comme les nèfles, kakis, oranges, ou de fruits secs tels que les amandes, noix, figues, ou encore de châtaignes grillées. Autour du feu, en attendant minuit, on racontait des « e fole », histoires de fées, des contes, ou on s'amusait à prédire l'avenir en jetant des feuilles d'olivier ou des grains de céréales dans l'âtre ardent.
Le repas de Noël traditionnel, Il combine la viande, la charcuterie et les fruits de mer. Il débute avec une boutargue, une sorte de saucisson d’œufs de mulet pressés et séchés, tranchée finement et nappée d’huile d’olive, ou une brouillade d’œufs aux oursins, agrémentée de prisuttu (jambon cru de Corse) et de coppa. Le plat de résistance est un agneau ou un cabri rôti, servi avec de la polenta. La viande est parfumée au thym et aux baies de myrte.
Pour le dessert, on savoure la délicieuse « Ceppu di Natale Castagniu », la bûche de Noël à la châtaigne, qui ne manque jamais de faire sensation !

Celle-ci sera suivie de quelques « frappes », des petits beignets soufflés au sucre… Sans oublier, comme venues du passé, les petites meringues fondantes en sucre : le « bambinu » et la « scarpina ».
Enfin, un verre de Limoncello, de myrte ou d'eau-de-vie sera servi pour faciliter la digestion en attendant Babbo Natale (le Père Noël).
Bien que révolue l'époque où les enfants des villages ne recevaient qu'une simple clémentine en cadeau, la tradition de l'orange coupée en fines tranches et saupoudrée de sucre, consommée avec la peau, perdure.. Un plaisir simple mais délicieux !

Cette tradition de Noël célèbre le partage et rassemble la famille autour du feu sacré. Le feu unit les vivants et le monde invisible. C'est également un moment pour se souvenir des défunts, souvent marqué par la récitation d'une prière par le grand-père en leur honneur. Le partage est l'esprit prédominant de la fête. En Corse, la veillée de Noël est un instant précieux, un retour aux doux souvenirs d'enfance, qui permet de mettre de côté les tracas de l'année pour se retrouver.
Les chanteurs se rassemblent dans les villages et les auberges pour entonner des chants autour des mets traditionnels.
Et puisque la Corse et les corses sont réputés pour être des personnes généreuses et chaleureuses, la tradition veut qu’on rajoute une assiette à table, « u piattu di u puvarettu » l’assiette du pauvre. Dans le passé, il trouvait toujours une place à table avec leur assiette réservée, s’il toquait à la porte.
Bon natale a tutti