Ci era una volta a Corsica
Corsa la belle
Au commencement était le peuple très ancien des Ligures qui habitait dans le vaste territoire compris entre l'Arno et la Provence, entre la mer Ligure et le Pô.
C'était il y a très très longtemps...
La belle Corsa appartenait au peuple des ligures !
Corsa amenait tous les jours son troupeau de vaches au bord de la mer. Or, l'une d'elles nageait très loin vers l'horizon pour revenir le soir toujours plus grasse que les autres.
Un jour, Corsa nagea aux cotés de sa vache, elle voulait voir vers quels pâturages elle serait entraînée.
Corsa découvrit ainsi un paradis, et le nomma de son nom : CORSA.
La fée du lac de Crénu
Dans la haute vallée du Liamone vivaient, il y a bien longtemps, un père veuf et ses douze enfants. La famine commençant à sévir dans ce pays, le pauvre père dit à ses fils :
« Mes enfants, je n’ai plus de pain à vous donner. Partez explorer le monde et peut-être trouverez-vous le moyen de gagner votre vie. »
À ces paroles, le plus petit frère qui était boiteux, se mit à pleurer et dit :
« Je suis infirme, mon père, comment ferai-je pour gagner ma vie ? »
Son père alors lui répondit :
« Sèche tes larmes mon cher enfant, ne pleure plus, tes frères t’emmèneront avec eux et, s’ils peuvent trouver un morceau de pain, je suis sûr que tu en auras aussi. »
Le lendemain, les douze frères partirent après avoir bien promis de ne jamais se quitter.
Toutefois, après quelques jours de marche, l’aîné annonça aux dix autres le sort qu’il réservait au benjamin :
« Notre petit Francescu nous gêne. Laissons-le sur la route, un passant charitable en aura peut-être pitié. »
Ainsi fut fait. Les méchants frères abandonnèrent Francescu le boiteux et continuèrent leur chemin en demandant l’aumône à tous les gens qu’ils rencontraient. Ils atteignirent ainsi Bonifacio. Là, trouvant une barque amarrée sur la côte, ils s’en emparèrent aussitôt, car ils voulaient passer en Sardaigne où, croyaient-ils, la famine était moins grande.
Mais au milieu du détroit des Bouches, une si grande tempête se leva que la barque fut brisée contre des écueils et que les onze frères se noyèrent.
Accablé de douleur et de fatigue, Francescu le boiteux s’était endormi sur le bord de la route, à l’endroit même où il avait été abandonné.
Une fée avait tout vu. Désirant aider le malheureux infirme, elle profita de son sommeil pour lui redresser la jambe. Puis, prenant la figure d’une femme très âgée, elle s’assit près de lui, sur un lourd fagot de bois, comme pour se reposer.
En s’éveillant, Francescu fut très étonné de pouvoir marcher comme tout le monde. Apercevant la vieille femme à ses côtés, il lui demanda :
« Bonjour madame, savez-vous s’il est passé par ici un grand médecin ? Parce que, pendant mon sommeil, il m’a guéri la jambe et que je voudrais le remercier de sa bonté. »
La fée se mit à rire puis avoua :
«Eh bien, ce médecin c’est moi ! J’ai ici quelques herbes que seule je connais et je n’ai eu qu’à t’en frotter la jambe malade pour qu’elle soit aussitôt complètement rétablie. »
Francescu ne put contenir sa joie. Il sauta au cou de la vieille femme et l’embrassa affectueusement.
Puis, pour lui prouver sa reconnaissance, il voulut porter son fagot. Mais ô surprise ! Au lieu de la vieille femme, il vit alors devant lui la plus belle jeune fille qu’il soit possible d’imaginer. Elle était resplendissante. Une longue chevelure blonde lui couvrait les épaules. Sa robe était de soie bleue brodée d’or et ses petits souliers disparaissaient sous deux grandes étoiles de pierres précieuses.
Plein d’admiration, Francescu tomba à ses pieds mais la fée lui dit :
« Lève-toi, je suis heureuse de voir que tu n’es pas un ingrat. Forme deux souhaits et je les exaucerai aussitôt, car je suis Belluccia, la Fée du lac de Crenu. »
Le jeune homme réfléchit un moment, puis il répondit :
« Je désirerais un sac dans lequel pourrait entrer à l’instant tout ce que je voudrais. – Je te l’accorde ; tu as encore un souhait. – Je demande ensuite un bâton qui fasse toutes mes volontés. – C’est bien, le voilà… »
Et Belluccia disparut en laissant aux pieds de Francescu un sac et un bâton. Heureux de ce qui venait de lui arriver, le jeune homme voulut essayer son sac et son bâton.
Comme il avait faim, il s’écria :
« Qu’une perdrix rôtie entre dans mon sac ! »
À l’instant même il fut exaucé. Fou de joie, Francescu demanda encore du pain, du vin et tout ce qu’il fallait pour faire un superbe repas. Après cela, il continua sa route…
Durant de longues années, poussé par une insatiable curiosité, il visita l’île entière, profitant avec bonheur des cadeaux magiques de la fée. Il parcourut ainsi les rivages, les campagnes, les vallées et même les montagnes. Partout, il se montrait généreux avec tous ceux et celles qu’il rencontrait. Ce grand voyage lui permit de découvrir de superbes paysages et d’en apprendre beaucoup sur lui-même comme sur les autres.
Après cela, Francescu voulut retourner dans son village où son père devait être très malheureux.
Mais Francescu était très malheureux de ne pas revoir ses frères, car il ne leur en voulait plus de leur mauvaise action contre lui.
Francescu avait dit onze fois :
« Ghjuvanni, mon frère, saute dans mon sac ! Paulu, mon frère, saute dans mon sac ! »
Il avait appelé ainsi tous ses frères. Et chaque fois, hélas ! Il ne trouvait dans son sac qu’un tas d’os à demi rongés. Il n’y avait donc plus aucun doute, ses frères étaient morts et cela le rendait bien triste.
Le père de Francescu mourut à son tour et lui même devint très vieux. Avant sa dernière heure pourtant, il voulut revoir une fois encore Belluccia, la bonne Fée du lac de Crenu.
Il se mit en route et arriva à l’endroit même où il l’avait rencontrée pour la première fois. Là, il attendit ; mais elle n’apparut point. Il supplia la bonne reine de se montrer encore une fois, mais sa demande resta vaine. Et pourtant, il ne voulait pas mourir sans avoir revu sa bonne fée.
Au même moment, la mort vint à passer.
Grande, maigre, elle tenait un drapeau noir d’une main et de l’autre une faux tranchante. Arrivée près de Francescu, elle lui dit :
« Eh bien vieillard ! tu es fatigué de la vie, il est temps que tu fasses comme tout le monde et que tu viennes avec moi te reposer. – Ô mort ! reprit le vieux Francescu, je te bénis. Oui, j’ai assez vu le monde et tout ce qu’il contient, je suis rassasié de toutes choses ; mais, avant de me livrer à toi, j’ai besoin de dire adieu à une personne qui m’est chère. Donne-moi un jour de temps. – Non ! Fais ta prière et suis-moi maintenant… – Je t’en supplie, une demi-journée seulement… implora Francescu… – Non, répondit la Mort. – Une heure, au moins ? – Pas un instant ! – Eh bien, puisque tu es si cruelle, saute en mon sac ! » ordonna alors Francescu.
La mort frémit, tous ses os s’entrechoquèrent, mais elle fut obligée d’obéir.
Au même instant, Belluccia apparut à Francescu, aussi resplendissante et aussi jeune que la première fois. La reconnaissant, le vieillard tomba à ses pieds. Mais la fée lui dit :
« Tu n’as pas abusé du pouvoir que je t’avais donné ; ton sac et ton bâton ne t’ont servi qu’à faire le bien, je veux t’en récompenser. Que désires-tu ? – Je ne désire plus rien. – Veux-tu être un chef… Veux-tu être un roi ? – Merci bonne fée, je ne désire plus rien. – Vieillard, veux-tu la richesse, la santé, la jeunesse ?
– Non, je veux seulement que la Corse soit heureuse. – Cela arrivera un jour », reprit Belluccia la fée et aussitôt elle disparut.
Le bon Francescu alluma alors un grand feu, réchauffa un instant ses membres glacés, puis, après avoir délivré la mort, jeta dans le brasier son sac et son bâton, de peur que les autres n’en fassent mauvais usage.
Ensuite, il s’assit contre une grosse pierre, ferma les yeux et se laissa glisser doucement dans le sommeil éternel, certain que la fée, un jour, tiendrait sa promesse.
La mort n’eut même pas à se servir de sa faux. Elle l’emporta ainsi, endormi à tout jamais, tranquille et serein, par-delà le temps et l’espace infini.
Francescu partit alors pour un nouveau et mystérieux voyage…
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