C'est en 259 avant J.C que le consul romain Lucius Cornelius Scipio, chargé de faire la conquête de la Corse, met en fuite la flotte carthaginoise et s'empare d'Alalia, qui devient alors Aleria et ses habitants, les Alérini.
Il y a 2000 ans, Aleria était la capitale romaine de la Corse. Avec le temps, Aleria s'est développée en une base militaire et commerciale. Le port militaire était dans l´Etang de Diane, au nord de la ville, le port de commerce dans l´embouchure de Tavignano. En parallèle du port de guerre, l'étang de Diane se lance dans la conchyliculture. Aléria sera une ville florissante et son port l'un des plus importants de Méditerranée.
La Corse romaine
L’antique cité romaine d’Aléria, est bâtie sur un oppidum (camp édifié en hauteur).
La civilisation romaine peut dès lors s’étendre dans l’île ; taxes, impôts, réquisitions s’abattent sur les insulaires. Certains profiteurs romains édifient des fortunes scandaleuses aux dépens des corses, en toute impunité.
Défrichée et assainie, la plaine orientale d'Aléria devient alors l'un des greniers à blé de Rome. En 105 av. J.-C. est fondée une nouvelle capitale au nord de la plaine d'Aléria : Mariana, ainsi dénommée en l'honneur du général Marius.
César qui séjourne en Corse en –46, renforce la colonisation (et donc le contrôle militaire). Cette colonisation sera réalisée aux dépens des meilleurs terres corses intégrées dans l’ager publicus (territoire qui appartient au peuple romain).
Auguste érige la Corse en province impériale, administrée par un procurateur soumis à ses ordres directs et résidant à Aleria. Colonie de peuplement, l’île accueille des vétérans en quête de terre, des légionnaires démobilisés, des retraités avides de soleil et de tranquillité.
Les Corses qui semblent dans un premier temps abandonner les plaines côtières à l’occupant, vivent repliés dans les montagnes. Mais progressivement, s’opère une assimilation profitable aux petits et grands propriétaires. De partout, mais surtout d’Orient, d’Italie, arrivent de nouveaux colons. Plus de 100 000 habitants vivent ainsi dans l’île à l’apogée de l’Empire et le mode de vie ressemble à celui qui anime toutes les conquêtes romaines.
Deux grands centres étendent leur influence : Mariana et Aléria. Avec ses 20000 habitants, cette dernière fait figure de capitale et de centre commercial réputé.
Alors que Rome construit inlassablement routes, thermes, aqueducs, forums, prétoires, temple ; elle s'accapare l’essentiel des richesses : céréales, huile d’olive, poisson, sel, miel, minerais, liège et bois de construction navale… Les Romains connaissaient un très grand nombre de céréales : froment, épeautre, engrain, orge, avoine, seigle, mil, riz, sorgho. Ils cultivent aussi d’autres plantes telles que le pois chiche, la fève ou la lentille. Toutes ces plantes sont désignées sous le nom générique de cerealia, c’est-à-dire les plantes de Cérès, du nom de la déesse des moissons. Ces céréales sont véhiculées à dos d’homme, de mule ou sur des chariots, sur des distances assez courtes. La production reste locale dans de nombreux endroits et est destinée en particulier à nourrir les travailleurs des exploitations. Mais les besoins étaient énormes, en particulier dans les grandes villes. Même si le réseau routier était excellent, les transports des denrées vers les capitales se fait préférentiellement par les voies maritimes ou fluviales. Ces denrées sont stockées dans des greniers gardés par des militaires, afin d'éviter vols et pillages. Elles seront embarquées sur les navires de commerce à l'embouchure du Tavignano.
Etang de Diane : Port de guerre et de commerce
Rade naturelle isolée de la mer, l’étang de Diane, sur la côte est de la Corse, communique avec la Méditerranée par une passe. Maintenu ouvert grâce à l’écoulement du ruisseau Arena dans l’étang, le chenal renouvelle les eaux. Il apporte des éléments nutritifs, indispensables à la vie et la multiplicité d'espèces spécifiques à la mer depuis l’Antiquité. Les huîtres et les moules natives du lieu, constituèrent le naissain naturel propice à une première exploitation. Très goûteux, ces coquillages sont appréciés des romains qui les exportent via le port de commerce, vers tout l'empire; la qualité de ses coquillages est très vite reconnue et va nourrir l'ensemble de la corse pendant des siècles.
Sur l’étang, un important établissement de pêche, créé par les Grecs, était axé sur la production de poissons et de mollusques. Les romains ont simplement utilisé ce savoir-faire "artisanal" pour en faire une exploitation à grande échelle.
C'est aussi le lieu qui abritait dans l'Antiquité le port de guerre Romain d'Aléria.
Pourtant, au Ve siècle, les invasions barbares mettront un terme à sa prospérité.
Ruinée et abandonnée, elle disparaîtra sous la végétation et les eaux des marécages. La ville ne renaîtra qu’après la Seconde Guerre mondiale, une fois la malaria éradiquée.
Aléria, est aujourd’hui un site archéologique majeur pour comprendre ce que fut l’occupation romaine dans l’île, car il reste de beaux vestiges de cette époque de gloire.
Aléria est considérée comme la ville la plus ancienne de Corse.
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